Sorties de scènes du 6 octobre – Jour 5
Pour clôturer les festivités avec panache, le Festival de la francophonie a mis les petits plats dans les grands. Entre procès fictif, ateliers d’initiation, voyage en Afrique et rencontre avec des artistes, il y en avait pour tous les goûts.
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Le français mérite-t-il tant d’égards ? Pour répondre à cette question, un procès théâtral fictif s’est tenu à la Gaîté Lyrique devant des spectateurs peu coutumiers du format ! Élaboré avec l’Ordre des avocats de Paris, le faux tribunal jugeait le français, avec dans le rôle du procureur, des avocats de la défense et des témoins, des personnalités du monde judiciaire et des figures culturelles de la francophonie. Deux camps qui se sont affrontés pour célébrer les influences et la diversité ou défendre une vision plus classique du français.
Après le spectacle du 2 octobre qui réunissait la crème de la crème de l’humour francophone, le festival a proposé aux humoristes amateurs de monter sur scène. Grâce à l’Académie d’Humour, quelques heureux privilégiés ont eu la chance d’assister à des ateliers d’initiation, d’interprétation et de discussion pour apprendre les ficelles du standup.
Avec le « Live Magazine de la Francophonie », journalistes, photographes et artistes venus d’Ukraine, du Maroc, de Turquie ou du Venezuela ont relevé un défi fou : monter sur scène pour raconter – en mots, en sons, en images – une enquête ou une histoire imaginaire. A l’instar d’un vrai magazine, le spectacle évolue au rythme des rubriques cinéma, société ou mots croisés, et des récits qui célèbrent l’attachement des intervenants à la langue française.
Pour les curieux désireux de découvrir le talent de réalisateurs francophones, le cinéaste David-Pierre Fila avait choisi deux films du catalogue de la Cinémathèque Afrique. Cette soirée était l’occasion de découvrir le court métrage de 1965, Kaka-Yo du grand réalisateur congolais Sébastien Kamba qui filme l’innocence d’un amour d’adolescents et la projection de La nuit des rois en présence du réalisateur Philippe Lacôte, un film qui célèbre la grande tradition du conte africain. Un regard original qui lui vaut de faire l’objet d’un remake.
Les visiteurs de l’exposition Ce qui nous rassemble : Langues langages et imaginaire ont pu approfondir leur questionnement sur leur rapport au langage. En marge de l’exposition, ils ont pu échanger avec les artistes comme Linda Dounia, Vidya-Kelie Juganaikloo, Iván Navarro, Sacha Stiles, Bernar Venet et bien d’autres encore.
Dans le cadre de l’incroyable librairie éphémère installée à la Gaîté Lyrique et remplie d’ouvrages inédits en France, les visiteurs ont eu la chance de rencontrer ce dimanche les humoristes Paul Taylor et Caroline Vigneaux, ou encore le philosophe français Jean-Baptiste Brenet.
- « La langue française, dans sa richesse et sa complexité, est un espace de pensée. Elle ne se contente pas de nommer les choses, elle les construit, les élabore. Penser en français, c’est s’engager dans une quête, une recherche du sens, une réflexion sur la manière dont nous percevons et interprétons le monde. La traduction, quant à elle, est un acte de recréation, une traversée d’un monde à un autre. Elle expose les failles et les richesses de la langue, nous invitant à repenser sans cesse notre rapport aux mots et à leur sens. Être traducteur, c’est être passeur d’une certaine médiation culturelle. »
Jean-Baptiste Brenet est un philosophe français, spécialiste de philosophie arabe et latine.
- « Le français est une langue que j’aime beaucoup, pour ses sonorités, ses subtilités. C’est une langue qui nous unit, un lien commun, quelle que soit la manière dont nous l’avons apprise. J’aime l’idée de faire partie de cette culture francophone et d’y amener ma part, comme un peinte contribue à une œuvre collective picturale. Le théâtre, pour moi, c’est l’endroit où cette langue prend vie. J’écris pour la salle, en cherchant à éviter cet ennui que l’on peut ressentir au théâtre lorsque l’on n’est pas familier avec ce monde. La langue française est le fil conducteur de mes pièces, se tissant naturellement avec la mise en scène, car le texte et la scène se créent en simultané ».
Alexis Michalik, acteur, dramaturge, metteur en scène franco-britannique lors de la rencontre
- « La langue est un terrain d’expérimentation sans fin, un espace où les mots se transforment en rythmes, souffles ou projectiles. À travers mes ateliers, j’aime explorer comment les récits, les sensations et les métaphores poétiques peuvent dialoguer avec la musique. »
Fred Nevché, artiste animateur de l’atelier d’écriture slam.
Quand les femmes s’emparent de l’écriture, leurs paroles, leurs idées et leurs histoires ont un énorme pouvoir. Pouvoir qui, dans certaines parties du monde, effraie toujours et encore. A la Cité internationale de la langue française, des autrices francophones se sont interrogées sur cette arme puissante lors d’un tribunal éphémère, érigé sur le perron du château de Villers-Cotterêt. Sur le banc des accusés, trois femmes écrivaines face à leurs consœurs attendaient le verdict en réponse à l’acte d’accusation : les femmes qui écrivent sont-elles dangereuses ?
« Faire résonner la langue française à l’unisson des voix du monde » : cette phrase de Louise Mushikiwabo, secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie, pourrait être la devise des éloquents francophones, pratiquants de l’art oratoire avec l’art et la manière ! Aujourd’hui le Festival de la francophonie accueillait la finale de la 3e édition des Rencontres internationales d’éloquence et du débat francophone. Les meilleurs tribuns de chaque pays sont venus débattre sur le thème « Cré’Activons notre Futur ! » et c’est le togolais Grace Dogblé qui a été déclaré vainqueur de cette joute oratoire de haut vol. Bravo et merci à toutes les participantes et tous les participants passionnés qui ont porté très haut les couleurs de la francophonie !